20 janvier 2013 7 20 /01 /janvier /2013 17:53

HOMÉLIE DE MONSEIGNEUR JEAN

 

          Au nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen !

 

          La semaine de prière pour l'union des Églises qui a lieu tous les ans en janvier, pose devant nous ce problème essentiel : y a -t- il possibilité, pour les chrétiens séparés, de s'unir ? Que le désir de rapprochement, sincère ou non-sincère, existe, cela est certain. Que depuis une trentaine d'années, entraînés par des inspirés et prophètes de notre siècle, les chrétiens commencent à se rencontrer, cela est certain. Et se rencontrer est déjà beaucoup !

          Lorsque dans les années 20, un philosophe russe, Nicolas Berdiaeff, organisa un cercle où se retrouvaient des théologiens protestants, catholiques-romains et catholiques-orthodoxes, ce fut une telle nouveauté que, les premiers temps, ces théologiens cultivés se disaient les uns aux autres : “Tiens, vous pensez ainsi ?” Ils se connaissaient par les livres et n'avaient jamais eu de contacts personnels. La séparation était aussi forte que dans les sociétés de province où se forment les clans, où telle famille ne fréquente pas telle autre parce que le niveau de fortune est différent, parce que “quelque chose” est survenu dans la vie d'une arrière-grand-tante, ces clans où l'on se regarde à peine, où l'on se salue poliment le dimanche à la sortie de l'église, évitant de s'inviter et surtout de se parler. Le paradoxe était tel que les chrétiens vivaient côte à côte sans se fréquenter, sauf peut-être dans quelques villages d'Alsace ou de Pologne. En Pologne, un prêtre, un rabbin, un pasteur mangeaient parfois ensemble ou jouaient aux cartes, mais c'étaient des rencontres de bon voisinage de gens du même métier.

          Le climat a changé. Un courant réel, sincère de rencontres, de “dialogues” comme l'on dit maintenant, parcourt notre époque. Une certaine attitude d'amabilité entre chrétiens s'est installée et cela semble nouveau... étrange réaction ! Ce mouvement d'union est encore fortifié par la semaine de prières qui commence à la chaire de l'apôtre Pierre, se termine à la conversion de l'apôtre Paul et à laquelle les orientaux ont ajouté la fête des Trois Docteurs : Basile le Grand, Jean Chrysostome et Grégoire le Théologien. Elle est l'initiative de l'Eglise anglicane et a permis que dans le monde chrétien, même dans les paroisses, il soit parlé des autres Eglises et des autres frères. Des organisations œcuméniques d'union des Eglises, fonctionnant au nom de différentes confessions, ont été fondées.

          Il est indiscutable que le mouvement primordial, dynamique actuel pour l'union des Eglises, en dehors de cas isolés comme celui de Berdiaeff qui était russe, vient du monde protestant. Ce sont les protestants qui ont exprimé sous cette forme la nostalgie de l'Eglise, Corps du Christ, c'est eux qui furent les pionniers. Remercions Dieu pour cet effort de compréhension.

          Les rencontres, les sympathies ont-elles avancé le rapprochement des Eglises ? ont-elles ouvert une concrète, profonde, spirituelle ? Je ne le crois pas. Les chrétiens sont devenus de bons voisins, mais chacun est resté sur ses positions, voulant avoir sans rien céder. Je sais, il est impossible de faire des compromis dans les questions religieuses, mais une bonne entente dans les questions secondaires n'est pas non plus une solution. Et cette période de tension vers l'union des Eglises n'a pas donné les résultats espérés par les pionniers. Pourquoi ? Les causes sont nombreuses. Mais je désire aujourd'hui, en cette fête de saint Jean Chrysostome, de saint Sabbas et de sainte Nina, apôtre de la Géorgie, ces  saints réellement œcuméniques de différentes époques et races, je voudrais insister sur un seul point : pourquoi l'unité des Eglises n'a-t-elle pas fait un pas en avant ? Il faut, pour préparer l'unité des Eglises, le rapprochement des chrétiens et des confessions, aimer, avant tout, la plénitude.

          En effet, mes amis , peut-on s'unir dans le minimum vital ? Tous, nous croyons en Dieu, tous nous croyons en Jésus-Christ, tous nous acceptons le baptême. En cela nous sommes unis. Nous ne sommes pas séparés autour de Dieu, autour du Christ, ni dans le baptême. Les chrétiens de n'importe quelle dénomination croient à tant de choses semblablement qu'en vérité l'unité existe déjà. Et pourtant, nous savons que cette unité n'est pas parfaite. Elle ne réside donc pas uniquement dans les dogmes essentiels, mais aussi ailleurs. Ainsi, les orthodoxes ne comprennent pas l'enseignement du Saint Esprit comme les catholiques romains, ceux-ci ne voient pas les sacrements comme les protestants, la hiérarchie est diversement envisagée dans les confessions... D'où viennent ces divergences et comment les dépasser ? Faut-il chercher un point commode et garder un autre point difficile ? Pour chacun, sa conception représente une certaine valeur et la vérité. Rester sur ses positions ? Cela devient du bon voisinage sans vie en commun. Seul, le goût de la plénitude peut amener une solution. La plénitude de la vérité, le goût de la plénitude débordante de la tradition chrétienne, peuvent seuls créer le climat dans lequel l'union des Eglises sera moins éloignée. Profiter de toute la richesse déposée par le Saint Esprit dans l'Eglise.

          Mais il faut lutter contre deux sentiments : l'isolement satisfait de soi-même et la domination de l'autre. Au sein de cette plénitude sur laquelle j'insiste, cette symphonie fraternelle, demandons-nous : où est ma place, suis-je prophète, apôtre, évangéliste ? Car, pour parvenir à l'unité parfaite du Corps du Christ, il faut premièrement, comme dit l'apôtre Paul, aimer cette plénitude, ce corps cosmique, catholique, universel qui contient tout l'univers et nous, et, en même temps, retrouver avec humilité et mesure notre propre place, comprendre que nous sommes élément de ce tout, sans être tout, ni en dehors de ce tout. Cette attitude de l'âme et de l'esprit construira le climat propice à l'union des Eglises.

          Que par l'intercession de la toute sainte, pure Vierge Marie, de saint Jean Chrysostome, saint Sabbas, sainte Nina, saint Irénée, saint Martin, cette lumière de paix et de plénitude, que par leur intercession, Dieu insuffle Ses pensées aux travailleurs pour l'union des Eglises.

          Amen !

Partager cet article
Repost0
Published by Orthodoxes d'Europe - dans Spiritualité

Eglises Orthodoxes 

dans le Monde

Recherche

Orthodoxie

IMGP1078

“Jamais, jamais, jamais,

ne laissez jamais quiconque vous dire qu’afin d’être Orthodoxe, vous devez aussi être Oriental.

L’Occident a eu la pleine Orthodoxie mille ans durant, et sa vénérable Liturgie est bien plus ancienne que n’importe laquelle de ses hérésies.”

Saint Jean Maximovitch

Archives