Comme annoncé précédemment – et je crois que ce blogue a été le premier à la signaler –, un tribunal d’Islamabad a ordonné la « libération sous caution » de 500 000 roupies (environ 4 000 € – ce qui n’est tout de même pas que symbolique) de Rimsha Masih alors même que le 31 août dernier, ce même tribunal avait repoussé de deux semaines la durée de détention provisoire de cette fillette accusée faussement de « blasphème ». Elle sera désormais placée sous la protection de l’association All Pakistan Minorities Alliance(APMA) fondée par l’ancien ministre catholique des minorités religieuses Shahbaz Bhatti, assassiné le 11 mars 2011, et du Ministère de l’harmonie sociale dont le conseiller spécial n’est autre que le frère du disparu, Paul Bhatti. Ce dernier a exprimé « sa joie et sa satisfaction » de la décision du tribunal et a tenu à remercier tous ceux qui ont contribué« dans la coulisse » – autorités gouvernementales, responsables chrétiens et musulmans – à cette libération et pour leurs « efforts maintenir la paix dans la recherche de la vérité ». Selon la dernière dépêche d’Asia News, le conseiller spécial ne semble pas avoir évoqué le rôle des nombreuses organisations internationales qui ont publiquement dénoncé le scandale de cette arrestation et fait pression sur le gouvernement pakistanais. Le conseiller spécial évoque la prochaine étape de cette affaire qui sera celle du retour des centaines de familles de chrétiens qui ont du fuir le bidonville où habitait Rimsha et sa famille par crainte des menaces des islamistes : ces derniers lorgnant sur les terrains occupés par les chrétiens. L’archidiocèse catholique de Lahore a proposé de mettre des terrains qu’il possède à la disposition de ces chrétiens. Mais le conseiller spécial n’évoque pas les suites judiciaires de l’affaire, car si Rimsha n’est plus aujourd’hui en prison, il n’en demeure pas moins qu’elle n’a été que « libéré sous caution » et est toujours inculpée de « blasphème ». Nous estimons, à l’Observatoire de la Christianophobie, que les poursuites devraient être immédiatement abandonnées. C’est ce à quoi nous allons nous attacher désormais : exiger l’arrêt de toute poursuite contre Rimsha Masih et l’abolition d’une honteuse « loi sur le blasphème » qui autorise un État à jeter en prison des gens innocents au seul motif qu’ils sont chrétiens.
D.H.
Source : Asia News