« Les Coptes sont très inquiets. On ne s’attendait pas à cela », a confié Girgi Szaki, un ingénieur de 42 ans à l’AFP dimanche à la sortie de la messe au Caire en parlant de la
victoire islamiste aux premières élections égyptiennes libres.
Les islamistes, dont les partis étaient interdits sous le régime Moubarrak ont remporté la mise au premier tour du scrutin
législatif de la semaine dernière.
Certains comme Girgi Szaki, gardent pour autant l’espoir de voir s’inverser la tendance lors du deuxième tour et des prochaines
élections sénatoriales qui se tiendront au mois de mars : « Nous souhaitions la victoire des libéraux. Peut-être cela va-t-il changer lors des autres étapes » espère-t-il. D’autre
s’interrogent sur les effets économiques de ce résultat, comme cette fidèle quadragénaire devant la même église qui s’inquiète de voir « Toutes les femmes (…) voilées » mettre à
« mal notre industrie touristique ».
« Certains ont peur »
Les coptes, première communauté chrétienne d’orient ne masque donc pas leurs inquiétudes devant ce séisme électorale. Forte de
plus de 8 millions de fidèles, l’Eglise d’Alexandrie s’est toujours estimée victime de discrimination et voyait dans le régime Moubarak un rempart à cette ségrégation.
« Certains ont peur » confie un prêtre, soutane noire et lourde croix autour du cou. Les Frères musulmans « ont
promis que nous étions frères et que nous formions tous une seule communauté. On attend de voir » a-t-il poursuivi. En effet le Parti de la Liberté et de la Justice (PLJ) devant
l’inquiétude de la communauté qui compte près de 10% de la population égyptienne, s’est efforcé de rappeler que l’application qu’ils feraient de la Charia (loi islamique) serait consensuelle.
Rappelant que de nombreux coptes faisaient parti des membres fondateurs du parti, le PLJ a ainsi tenu à rassurer la communauté Chrétienne.
Si le dernier scrutin a vu la victoire d’islamiste modérés au détriment des fondamentalistes, les coptes dans leur grande
majorité ne font aucune distinction entre les salafistes d’Al-Nour (la Lumière) et le PLJ, plus timoré, issu des Frères musulmans, qui domine le scrutin avec 36% des
suffrages.
« Nous restons optimistes »
Pour autant certains coptes ne s’inquiètent guère de cette percée islamiste. « Nous sommes surpris, mais nous restons
optimistes. Nous sommes désormais dans une démocratie, et ceci est la véritable opinion des Égyptiens. Les partis laïcs sont toujours dans la bataille », souligne Eman Seif, une médecin de
53 ans. « De nombreux chrétiens se mettent à dire que c’était mieux sous Moubarak, mais je ne suis pas d’accord » a-t-elle aussi déclarée à l’AFP.
La communauté copte est souvent la cible d’attaques particulièrement meurtrières. En octobre dernier, 25 égyptiens, en majorité
de cette confession, ont périt dans des affrontements contre les forces de sécurité lors d’une manifestation de protestation contre l’attaque d’une église. Pour autant la communauté est
soutenue par l’armée qui lui garanti une sécurité leur promettant qu’elle s’attaquerait avec « une main de fer » à toute forme de violence confessionnelle.