28 août 2012 2 28 /08 /août /2012 00:14

La loi, si l'on peut utiliser ici ce terme, de la vie éternelle est exprimée par deux commandements : celui de l'amour de Dieu, et celui de l'amour de notre prochain. Quand un ascète s'éloigne du monde, sa vie se concentre, au début, surtout sur le premier commandement et sur le repentir personnel, prenant ainsi un caractère apparemment « égoïste ». Plus tard, quand le repentir a atteint un certain degré de plénitude et que la grâce a touché l'âme de l'ascète, commence à agir en lui l'amour du Christ qui se répand sur les hommes et sur toute l'humanité. Alors, même en demeurant dans un désert et sans voir le monde de ses yeux corporels, il le voit en esprit et vit profondément les souffrances du monde, car il les vit avec la conscience chrétienne du caractère unique et de la valeur éternelle de chaque personne humaine.

 

Où que l'homme s'en aille, de quelque désert profond qu'il fasse sa réclusion, s'il suit les voies de la véritable vie en Dieu, il vivra la tragédie du monde, et même incomparablement plus intensément et plus profondément que ceux-là qui vivent en plein dans le monde, car ils ne connaissent pas ce dont ils sont privés. Les hommes souffrent de bien des privations, mais, à de rares exceptions près, ils ne sont pas conscients de leur principale privation. Lorsqu'ils sont privés de biens temporels et qu'ils se rendent compte de ce qui leur manque, ils souffrent et se lamentent ; mais quels ne seraient pas les sanglots et les lamentations du monde entier, s'il devenait conscient de sa principale privation, et avec quelle ardeur ne rechercherait-il pas « la seule chose nécessaire » ?

Il peut y avoir une affliction pour le monde vraie, sainte, agréable à Dieu ; mais il peut aussi y en avoir une perverse et négative. Dans l'âme de l'homme qui n'a pas connu l'amour parfait, les deux commandements du Christ entrent parfois en une violente contradiction. Celui qui aime Dieu s'éloigne du monde et se plonge dans un certain égoïsme spirituel ; comme s'il était indifférent à ce qui se passe dans le monde, il travaille au salut de sa propre âme. Celui qui avec passion aime l'humanité vit ses souffrances. Animé d'un sentiment de compassion pour le monde, il se dresse contre Dieu, le tenant pour responsable des souffrances qui inondent le monde entier. Parfois cette révolte va jusqu'à une haine violente.

Chez le bienheureux Starets on pouvait voir, à l'image du Christ, l'un et l'autre amours dans leur unité organique, mais aussi dans leur diversité de manifestation : triomphant dans l'éternité, l'amour est crucifié dans notre monde de péché.

 

Dieu nous a permis de voir partiellement comment le Starets pleurait pour que le monde ne soit pas privé de la grâce du Saint-Esprit qu'il lui avait été donné de connaître. Il était dévoré d'une profonde « compassion » et demandait à Dieu miséricorde « pour tous les peuples de la terre ».

 

C'est dans un véritable amour pour Dieu qu'un véritable amour pour l'homme trouve sa source. Aussi le Starets affirmait-il constamment que « l'amour divin ne demeure pas en celui qui n'aime pas ses ennemis ».

 

Archimandrite Sophrony
Starets Silouane
Editions Présence

http://seraphim.chez.tiscali.fr/silouane.htm

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Published by Orthodoxes d'Europe - dans Spiritualité

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